Synopsis
Sorti en 2023, « Hunger Games : La Ballade du serpent et de l'oiseau chanteur » par Francis Lawrence s’aventure entre Drame, Science-Fiction, Aventure avec une ambition assumée : raconter une histoire qui se joue autant dans les regards que dans les silences. En 157 minutes, le film installe son décor, dessine ses personnages et laisse la tension s’installer sans jamais céder au pur didactisme. Le jeune Coriolanus est le dernier espoir de sa lignée, la famille Snow autrefois riche et fière est aujourd’hui tombée en disgrâce dans un Capitole d'après-guerre.
À l’approche des 10ème Hunger Games, il est assigné à contrecœur à être le mentor de Lucy Gray Baird, un tribut originaire du District 12, le plus pauvre et le plus méprisé de Panem.
Le charme de Lucy Gray ayant captivé le public, Snow y voit l’opportunité de changer son trajectoire, et va s’allier à elle pour faire pencher le sort en sa faveur. Luttant contre ses instincts, déchiré entre le bien et le mal, Snow se lance dans une fuite en avant contre la montre pour survivre et découvrir s’il deviendra finalement un oiseau chanteur ou un serpent. Aux côtés de la caméra, on retrouve Tom Blyth, Rachel Zegler, Peter Dinklage, Jason Schwartzman… et d’autres visages qui complètent un ensemble solide.
Sans en dire plus sur ses retournements, « Hunger Games : La Ballade du serpent et de l'oiseau chanteur » s’en tient à l’essentiel : un fil narratif qui avance et des personnages qui révèlent, chemin faisant, ce qui les anime.
Oui, on pense par moments à certains classiques — clin d’œil aux cinéphiles — mais le film trace sa propre voie. Le récit privilégie l’ellipse quand il le faut et s’autorise parfois des détours qui éclairent l’intime. La mise en place reste lisible, les enjeux se déplient sans effets de manche, et la géographie émotionnelle des personnages se précise au fil des scènes.
Rien ici ne cherche l’explication totale — l’histoire préfère avancer au rythme des révélations — et c’est aussi ce qui lui donne sa respiration.
Casting
- Réalisation : Francis Lawrence
- Avec : Tom Blyth, Rachel Zegler, Peter Dinklage, Jason Schwartzman, Hunter Schafer, Josh Rivera
Critique
« Hunger Games: La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur » illustre une ambition nette : conjuguer spectacle et point de vue. Francis Lawrence prend à bras-le-corps un matériau populaire et en tire une proposition qui assume ses choix de mise en scène. D’emblée, le film impose un cadre lisible : une dramaturgie qui refuse la confusion, une gestion de l’espace qui privilégie la clarté, et des comédiens — Tom Blyth, Rachel Zegler — placés au centre du dispositif pour que chaque enjeu passe par les corps et les regards.
Sur le plan thématique, l’œuvre embrasse naissance du pouvoir, laboratoire du spectacle, romance contrariée. Loin des slogans, le récit organise une circulation d’idées à même l’image : la caméra accompagne les trajectoires, scrute les inflexions de jeu, et évite l’illustration scolaire. La mise en scène, attentive au rythme interne des scènes, trouve un bel équilibre entre mouvement et respiration. Quand l’action accélère, le montage reste intelligible ; quand l’émotion affleure, la musique ne surligne pas mais rejoint le sens.
Ce refus du vacarme gratuit n’empêche pas la générosité. Les set-pieces s’enchaînent avec une variété de textures — chorégraphies amples, plans serrés à hauteur d’émotion, plans d’ensemble qui posent une géographie — et un soin particulier apporté à l’iconographie. On sent une pensée du cadre : lignes de fuite, contrastes de couleurs, profondeur de champ au service d’une idée claire. Les acteurs disposent d’un terrain de jeu qui valorise la précision plutôt que la dépense d’énergie abstraite.
Côté chiffres, la carrière mondiale s’est établie autour de ~337 M$. Au-delà du score, c’est la tenue qui frappe : un bouche-à-oreille robuste, une capacité à fédérer publics et générations, et la preuve qu’un cinéma de divertissement peut encore parler une langue commune sans abdiquer sa personnalité. Dans un marché saturé, cette stabilité dit quelque chose de l’attente du public : du panache, oui, mais aussi une lisibilité narrative et une ambition formelle assumée.
Reste ce que le film laisse après coup : des images, une cadence, des personnages qui continuent d’habiter la mémoire. On pourra discuter telle facilité ou tel détour, mais l’ensemble tient par sa cohérence interne. Francis Lawrence signe un objet qui croit en la mise en scène comme vecteur d’idées — et c’est précisément ce qui fait la différence. Au bout du compte, « Hunger Games: La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur » rappelle qu’un cinéma grand public exigeant n’est pas une chimère : il existe, il respire, et il gagne à être vu en salle.