Synopsis
Sorti en 2024, « Drive-Away Dolls » par Ethan Coen s’aventure entre Comédie, Crime avec une ambition assumée : raconter une histoire qui se joue autant dans les regards que dans les silences. En 84 minutes, le film installe son décor, dessine ses personnages et laisse la tension s’installer sans jamais céder au pur didactisme. Jamie regrette sa rupture avec sa petite amie, tandis que Marian a besoin de se détendre.
À la recherche d'un nouveau départ, ils se lancent dans un road trip inattendu à Tallahassee, mais les choses tournent mal lorsqu'ils croisent la route d'un groupe de criminels incompétents. Aux côtés de la caméra, on retrouve Margaret Qualley, Geraldine Viswanathan, Beanie Feldstein, Joey Slotnick… et d’autres visages qui complètent un ensemble solide. Sans en dire plus sur ses retournements, « Drive-Away Dolls » s’en tient à l’essentiel : un fil narratif qui avance et des personnages qui révèlent, chemin faisant, ce qui les anime.
Oui, on pense par moments à certains classiques — clin d’œil aux cinéphiles — mais le film trace sa propre voie.
Le récit privilégie l’ellipse quand il le faut et s’autorise parfois des détours qui éclairent l’intime. La mise en place reste lisible, les enjeux se déplient sans effets de manche, et la géographie émotionnelle des personnages se précise au fil des scènes. Rien ici ne cherche l’explication totale — l’histoire préfère avancer au rythme des révélations — et c’est aussi ce qui lui donne sa respiration.
Casting
- Réalisation : Ethan Coen
- Avec : Margaret Qualley, Geraldine Viswanathan, Beanie Feldstein, Joey Slotnick, C.J. Wilson, Colman Domingo
Critique
On retrouve ici une mise en scène qui aime le présent des acteurs : plans suffisamment longs pour laisser vivre les regards, cadrages expressifs sans maniérisme, montage nerveux mais pas haché. La photographie reste lisible (adieu la bouillie grise), le design sonore respire, la musique soutient l’émotion sans la surligner. Drive-Away Dolls prend au sérieux l’idée de spectacle : non pas l’accumulation, mais la qualité de chaque morceau, la précision d’un geste.
L’écriture choisit la souplesse plutôt que l’argumentaire. Les personnages existent par détails — une attitude, une réplique, un silence — et c’est souvent là que le film touche. Quand il accélère, il le fait franchement ; quand il se pose, il ose la simplicité. On devine bien une mécanique de ‘setup/payoff’, mais elle sert l’élan au lieu de l’étouffer. Surtout, le film garde cette nuance rare : ne pas condamner ni absoudre trop vite.
Rien n’est parfait : un détour explicatif, un symbole un peu appuyé, un virage qu’on voit venir. Mais l’ensemble tient, parce que la mise en scène sait regarder ses personnages et que les comédiens trouvent un terrain de jeu exact. Drive-Away Dolls a ce supplément d’âme qui donne envie d’y retourner : on n’a pas vu ‘un contenu’, on a vu du cinéma.