« Equalizer 3 – Denzel, ange gardien au couteau affûté » illustre une ambition nette : conjuguer spectacle et point de vue. Antoine Fuqua prend à bras-le-corps un matériau populaire et en tire une proposition qui assume ses choix de mise en scène. D’emblée, le film impose un cadre lisible : une dramaturgie qui refuse la confusion, une gestion de l’espace qui privilégie la clarté, et des comédiens — Denzel Washington, Dakota Fanning — placés au centre du dispositif pour que chaque enjeu passe par les corps et les regards.

Sur le plan thématique, l’œuvre embrasse western urbain italien, justice expéditive, mélancolie. Loin des slogans, le récit organise une circulation d’idées à même l’image : la caméra accompagne les trajectoires, scrute les inflexions de jeu, et évite l’illustration scolaire. La mise en scène, attentive au rythme interne des scènes, trouve un bel équilibre entre mouvement et respiration. Quand l’action accélère, le montage reste intelligible ; quand l’émotion affleure, la musique ne surligne pas mais rejoint le sens.

Ce refus du vacarme gratuit n’empêche pas la générosité. Les set-pieces s’enchaînent avec une variété de textures — chorégraphies amples, plans serrés à hauteur d’émotion, plans d’ensemble qui posent une géographie — et un soin particulier apporté à l’iconographie. On sent une pensée du cadre : lignes de fuite, contrastes de couleurs, profondeur de champ au service d’une idée claire. Les acteurs disposent d’un terrain de jeu qui valorise la précision plutôt que la dépense d’énergie abstraite.

Côté chiffres, la carrière mondiale s’est établie autour de ~191 M$. Au-delà du score, c’est la tenue qui frappe : un bouche-à-oreille robuste, une capacité à fédérer publics et générations, et la preuve qu’un cinéma de divertissement peut encore parler une langue commune sans abdiquer sa personnalité. Dans un marché saturé, cette stabilité dit quelque chose de l’attente du public : du panache, oui, mais aussi une lisibilité narrative et une ambition formelle assumée.

Reste ce que le film laisse après coup : des images, une cadence, des personnages qui continuent d’habiter la mémoire. On pourra discuter telle facilité ou tel détour, mais l’ensemble tient par sa cohérence interne. Antoine Fuqua signe un objet qui croit en la mise en scène comme vecteur d’idées — et c’est précisément ce qui fait la différence. Au bout du compte, « Equalizer 3 – Denzel, ange gardien au couteau affûté » rappelle qu’un cinéma grand public exigeant n’est pas une chimère : il existe, il respire, et il gagne à être vu en salle.